Les gabions bullois suscitent l'ire et la moquerie

| jeu, 30. avr. 2015

Les quartiers entre la rue de Vevey et la Trême sont passés en zone 30 km/h. Pour contraindre les automobilistes à ralentir, des gabions ont été installés, qui ne sont pas au goût des usagers. La commune concède leur côté inesthétique, mais les considère comme le meilleur rapport coût-utilité.

Par Priska Rauber
«Ultimement moches», «dangereux», «ridicules»… Les gabions. Plus aucun Bullois n’ignore désormais le nom de ces cubes grillagés remplis de cailloux, posés sur les routes. Dans les cafés ou sur Facebook, ils attisent tou-tes les diatribes. Et, par ricochet, égratignent les autorités bulloises. Les internautes rêvent en effet d’en extraire les cailloux pour les envoyer sur ceux qui ont décidé de les placer là, dans les quartiers des secteurs Vevey-sud (entre la rue de Vevey et la Trême) et Essert-Bourgo en particulier.

Installés à la fin de la semaine passée, les gabions accompagnent la mise en zone 30 de ces rues (les dernières à devoir l’être sur Bulle), où il s’agit de générer la prudence des utilisateurs par l’incertitude, et la courtoisie par la cohabitation. Mais, aujourd’hui, ces aménagements engendrent davanta-ge l’ire et la moquerie des Bullois que leur courtoisie. Florilège glané sur le net: «La commune va peut-être ouvrir une carrosserie.» «Ou alors, c’est pour lutter contre la croissance démographique.» «Le ridicule ne tue pas. Du moins pas encore…»

Une page Facebook vient même d’être créée. «Mon joli gabion», c’est une communau-té de près de 400 membres qui permet aux créatifs d’imaginer en photomontages une utilisation plus large de ces paniers métalliques. Ici en guise de satellite ou de barre de pole dance. Là comme marteau de Thor!

Vrai désarroi
Mais au-delà des boutades, ces commentaires révèlent un vrai désarroi et des inquiétudes. Il est vrai que plusieurs voitures se sont déjà encas-trées dans des gabions, notamment aux premiers jours de leur présence au chemin des Crêts. Les deux-roues les redoutent également. «Sans compter qu’en eux-mêmes, ces objets peuvent causer des blessures importantes, si par exemple un cycliste les heurtait», souligne Daniel Menna, porte-parole du Bureau de prévention des accidents (Bpa).

Si ce dernier relève l’importance d’entreprendre des aménagements pour que les automobilistes réduisent réellement leur vitesse, il estime qu’ils doivent être choisis avec discernement. «Il est impératif que la population accepte ces zones à vitesse modérée, qui ont fait leurs preuves dans la diminution des accidents graves. C’est pourquoi il faut vraiment choisir des aménagements qui soient sûrs et bien acceptés, et surtout qui ne soulèvent pas de levée de boucliers.»

Ça semble pour le moins raté… Mais, du côté des autorités, on estime que «c’est une question d’habitude. C’est vrai, d’un point de vue esthétique, cet aménagement n’est pas top, mais souvent, ça choque au début et puis on comprend sa raison d’être», confie Pierre Pythoud, édile en charge des travaux et de l’équipement.

Et comme l’ingénieur de ville Jean Hohl, il souligne que le choix des gabions est une réponse adéquate en termes de rapport coût-utilité. «C’est la solution la moins chère pour aller le plus vite.» Les délais doivent être tenus conformément au projet des mesures d’accompagnement de la H189.

Rumeur entendue
Certes, en fourniture et en pose, l’aménagement de ce secteur Vevey-sud n’aura coûté que 3200 francs à la commune. Un argument non négligeable, d’autant plus que les gabions sont facilement déplaçables. «Sur la rue Louis-Bornet, ils sont enlevés quand la rue de Vevey est fermée», précise Jean Hohl, qui glisse en passant qu’il faut «être un peu bigleux pour ne pas les voir». Alors que beaucoup d’usagers estiment qu’ils sont peu visibles.

S’ils sont facilement déplaçables, ces gabions vont toutefois demeurer bien des années où ils ont été posés. «Cet aménagement est provisoire, indique Pierre Pythoud. A futur, les rues en zone 30 devraient voir un aménagement définitif plus végétal, semblable à celui de la rue de l’Ondine.» Mais il concède que «à futur», ce n’est pas dans les cinq prochaines années.

La rumeur de la rue a néanmoins été entendue, selon le syndic Yves Menoud, qui s’accorde à dire que «ça ne joue pas à certains endroits, c’est vrai. Nous allons en reparler lors d’une prochaine séance du Conseil communal.» Par contre, aucun des édiles con-sultés ne concède un problème de communication de la part de la ville. «Il y a eu une information dans le Bulletin de décembre, une info envoyée à tous les riverains et une mise à l’enquête. L’information a été donnée.»

Commentaires

Ah! quelle merveille d'ingéniosité! A vélo, alors qu'il faut déjà faire attention à ce que les voitures nous coincent pas contre les trottoirs, voilà un obstacle de plus, juste sur notre chemin. Je peux vous dire que mes freins sont utilisés en permanence, comme jamais depuis 30 ans que je roule. Et c'est comme ça qu'on veut favoriser la mobilité douce à Bulle?!
En voilà une belle réussite du point de vue sécurité ! Circulant en voiture et quelque peu ébloui par le soleil, j'ai bien failli percuter une de ces magnifiques oeuvre d'art bulloise. Depuis le 1er janvier 2014, il est obligatoire de circuler avec les feux allumés pendant la journée, ce afin d'éviter de ne pas être vu. Ces gabions gris, dont la couleur se marie à merveille à celle du bitume, risquent de réserver bien des surprises : pour les voitures de la tôle froissée et pour les deux roues, je n'ose y penser !!!

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