La ville envisage d’enlever des gabions

| sam, 11. jui. 2015

Malgré la mise en place d’éléments modérateurs, les vitesses mesurées dans plusieurs zones 30 restent excessives. Plutôt que de multiplier les obstacles, la commune de Bulle aimerait davantage de contrôles par la police.

PAR SOPHIE MURITH

«Normalement, après un mois, les choses se calment.»  Le conseiller communal Pierre Pythoud a l’habitude de recueillir la mauvaise humeur des Bullois en matière d’aménagement des rues. Mais la zone 30 créée au sud de la rue de Vevey en avril fait exception à la règle. Et l’Exécutif n’a pas été insensible à la grogne contre les gabions qui ne s’est pas épuisée depuis leur pose.
«Nous aussi, nous avons été surpris par leur visuel, ce sont des corps étrangers qui ne s’intègrent pas bien à la rue, concède Pierre Pythoud. Mardi, nous avons donné mandat au département technique pour qu’il étudie avec l’ingénieur du projet la possibilité d’opérer quelques allégements.» Les modifications ne devraient pas intervenir avant la fin de l’été. La commune n’a pas les mains libres en la matière.
Car, si la mise en place des zones 30 est un choix d’aménagement communal, une fois la décision prise, le Service des ponts et chaussées fait appliquer les directives pour que la limitation de vitesse soit observée par les usagers. «Lors de l’examen du dossier de la zone au sud de la rue de Vevey par les Ponts et chaussées, ce dernier avait demandé d’installer 98 obstacles, note Pierre Pythoud. Nous en avons finalement placé 54.»
Le Service des ponts et chaussés avait ainsi demandé d’encadrer les secteurs de stationnement par des éléments modérateurs. «Nous allons dé-sormais partir du principe que la plupart des places de parc de la zone sont occupées continuellement et font office d’obstacles. Les objets encadrant ces places pourraient a priori être supprimés.»


Toujours trop vite
Il faudra cependant trouver une autre solution pour faire respecter les limitations de vitesse. Car, malgré la présence imposante des gabions, les premiers contrôles montrent, ô surprise, qu’un grand nombre de véhicules roulent encore trop vite. A la rue Louis-Bornet, devant la piscine, deux mois après la mise en place de la zone 30, 85% des usagers étaient contrôlés à une vitesse qui pouvait monter jusqu’à 41 km/h.
Un léger mieux tout de même en comparaison avec les mesures effectuées en 2005 qui faisaient état d’une vitesse de 58 km/h. «En baissant de 10 km/h, même si les vitesses ne sont pas respectées, on diminue déjà la gravité des blessures en cas d’accident», se réjouit tout de même Pierre Pythoud.
La situation reste cependant insatisfaisante aux yeux des autorités. Au début du mois de juillet, une délégation de la ville de Bulle a rencontré le Service des ponts et chaussées ainsi que la police cantonale. «Comme nous nous refusons à augmenter le nombre d’obstacles, nous avons demandé à la police d’effectuer des contrôles de vitesse et de verbaliser les contrevenants.»
C’est là que l’histoire se corse. Pour être validée par les Ponts et chaussées, une zone 30 doit forcer 85% des usagers à respecter les limitations en vigueur. «Et la police ne veut faire des contrôles que dans des zones 30 validées, qui plus est dans les secteurs les plus sensibles, comme à proximité des écoles.» Le serpent se mord la queue.
«C’est un principe de la police cantonale, mais un juriste est en train d’étudier la question.» La réponse est attendue prochainement et la population sera alors informée.
Principale crainte de la police? «Une avalanche de retraits de permis.» En attendant la décision de celle-ci, la commune va abattre un autre atout pour faire respecter la vitesse: un marquage au sol plus imposant – «Les gens ont tendance à oublier qu’ils sont dans une zone 30 juste après avoir passé les portes d’entrée» – et un appel à l’esprit citoyen des Bullois. «Si on veut éviter les gabions et les contrôles, le meilleur moyen est l’autodiscipline.»
Limiter la vitesse dans les quartiers résidentiels est un choix sécuritaire et politique qui remonte aux années 1990. «En général, les habitants accueillent l’idée favorablement. Il leur est plus difficile en revanche de respecter spontanément la vitesse autorisée et les modérateurs de trafic sont souvent décriés. La population doit prendre ses responsabilités.»

 

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Des excès au chemin des Crêts
La rue Louis Bornet n’est pas le seul point noir dans les zones 30 bulloises. Les mesures effectuées pendant une semaine sur le chemin des Crêts après la mise en place des blocs de pierre en 2014 montrent que la vitesse de 85% des usagers est encore de 42 km/h. Durant le même laps de temps, six véhicules ont même dépassé les 70 km/h, les mettant de facto sous le coup d’un délit de chauffard. Plus de 210 conducteurs se seraient, en outre, vu leur permis retiré.
Mais là encore, la mise en place de modérateurs de trafic a tout de même permis de diminuer les excès. En 2007, avant tout aménagement, 85% des véhicules étaient mesurés à 59 km/h, à 47 après les premières modifications en 2011. Mais, selon Pierre Pythoud, la seule mesure de limitation de vitesse vraiment efficace, à toute heure du jour et de la nuit et peu importe le volume du trafic, reste le gendarme couché. «Avec les lignes de bus, impossible d’en installer partout, ils provoquent aussi davantage de nuisances sonores.» SM

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