Le ras-le-bol d’une assemblée historique

jeu, 22. nov. 2018

PAR CHRISTOPHE DUTOIT

ASSEMBLÉE COMMUNALE. Lundi soir, par 240 non contre 203 oui (une majorité de 54%), l’assemblée communale de Val-de-Charmey a refusé une augmentation de ses impôts de 0,898 à 0,95. Acquis au terme de longs débats et à bulletins secrets, ce résultat met en mauvaise posture les remontées mécaniques de Charmey.

En effet, sans cette hausse de la fiscalité, le Conseil communal n’a pas été en mesure de présenter son budget de fonctionnement 2019, qui prévoyait un soutien de 600 000 francs à la station. «Ce budget de fonctionnement sera certainement revu sans cette subvention et une nouvelle mouture sera proposée lors d’une assemblée extraordinaire, probablement le 14 janvier 2019», annonce le syndic Yves Page.

«L’herbe sous les pieds»

Au terme de l’assemblée, à 1 heure du matin, Etienne Genoud ne cachait pas sa déception. «Je suis triste, car nous étions à la croisée des chemins. On nous a coupé l’herbe sous les pieds», affirme le vice-syndic et président du conseil d’administration des remontées mécaniques. «Beaucoup de gens se demandaient ce que ça ferait de ne plus avoir de remontées mécaniques à Charmey. Dorénavant, nous allons le savoir. Malheureusement, ce sera à nos dépens.» Pour sa part, le syndic Yves Page regrette que la «concentration de dépenses extraordinaires en même temps» ait conduit les citoyens à cette décision. «Il faut rapidement trouver des nouvelles solutions pour l’économie de Charmey. Nous devons imaginer quelque chose de spécial pour faire monter les gens dans la vallée.» Face à ce vote de défiance, il avoue que le «plus difficile est de travailler dans l’ignorance des stratégies cantonale et régionale pour le tourisme, dans lesquels Charmey doit s’inscrire. Nous avons dû travailler sans filet.»

La soirée avait commencé par la présentation d’un plan financier quinquennal qui prévoit une explosion de la dette charmeysanne d’ici 2023, si tous les investissements proposés étaient réalisés. Ensuite, le syndic a présenté les raisons qui ont amené le Conseil communal à présenter une hausse d’impôts de 5,2 points, soit environ 500 francs pour un revenu annuel de 100 000 fr. «Les charges liées ont explosé (+ 6,1%), les récents investissements commencent à produire leurs effets sur les frais financiers et les rentrées fiscales sont moroses», explique Yves Page, qui avoue que Val-de-Charmey paie «le prix d’une politique d’investissements timide durant de longues années».

Le syndic a rappelé l’importance des remontées mécaniques pour l’économie locale. «Est-ce bien le moment de prendre une décision définitive?» a-t-il martelé aux 452 citoyens présents, un record.

«Situation alarmante»

Par la voix de son président Henri Ding, la commission financière a jugé la «situation alarmante» et préavisé négativement cette augmentation d’impôts. Une quinzaine d’interventions ont nourri un débat ouvert et sans débordements émotionnels. Deux visions se sont clairement confrontées. Ceux qui trouvent qu’il faut «assumer ses devoirs», que «la télécabine n’est pas l’unique problème», que les «remontées mécaniques n’ont cessé de diminuer leurs charges fixes». En face, les arguments des opposants à cette hausse d’impôts ont mis le doigt sur «les chiffres vertigineux» de la dette, du long maintien des remontées mécaniques sous perfusion financière ou le fait de «donner un signal politique au canton, que les citoyens de Val-de-Charmey ne veulent plus soutenir seuls leur station».

Pour la première fois en quinze ans, les citoyens de Charmey (ou Val-de-Charmey) ont donc décidé de couper leur subvention aux remontées mécaniques. De manière claire et tranchée. ■


«Un moratoire sur tous les investissements»

Peu avant minuit, l’assemblée communale a enfin pu passer au point 5 de l’ordre du jour. En préambule, le président de la commission financière a pris la parole pour demander l’instauration «d’un moratoire sur les futurs investissements. Nous devons retarder le vote sur tous les crédits et réfléchir aux priorités absolues de la commune, a affirmé Henri Ding. Il faut accélérer la mise en œuvre de divers chantiers isolés et de moindre importance, revêtant des caractères de maintenance, d’entretien et d’étude.» Une position partagée par un citoyen qui a demandé, purement et simplement, «de clore l’assemblée et de rentrer à la maison vu que, de toute manière, la commune n’a plus d’argent»!
Finalement, après de succinctes présentations (les objets ayant été détaillés dans l’EchoVal-de-Charmey), les citoyens ont balayé d’un revers de main quelque 8 millions prévus au budget. Jugé à la fois «disproportionné» et «prématuré», le projet d’assainissement du Centre de sports et loisirs (2 mio) a été refusé par 198 non, 105 oui et 24 abstentions. L’aménagement de la traversée du village Valtraloc (3,5 mio) a été blackboulé par une très large majorité, tout comme la mise en séparatif du secteur La Hêtraie, Pra Gremaud, Le Répugin (2,5 mio). Seul l’assainissement du captage des Reposoirs (165 000 fr.) a trouvé grâce aux yeux du Législatif.

Si les nouveaux statuts du Réseau santé et social de la Gruyère n’ont pas fait un pli, l’élection de deux nouveaux membres à la commission financière a provoqué un second vote aux urnes (!) et le départ d’une grande partie de la salle. A 0 h 59, sans aucune intervention dans les divers (!), cette assemblée historique a enfin été levée. CD

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