Anne Deluz fera tourner Claudia Cardinale dans «Bulle»

jeu, 06. déc. 2018
Déjà à pied d’œuvre à Bulle, Anne Deluz a convaincu Claudia Cardinale avec le scénario sur lequel elle travaille depuis quatre ans. CHLOÉ LAMBERT

PAR JEAN GODEL

SENSATION. Ces prochaines semaines, Bulle sera italienne, gattopardesque, pétroleuse, Sergio Leonesque. Bulle sera simplement plus belle. Car Claudia Cardinale y tournera les six épisodes de 52 minutes de Bulle, la saga familiale coproduite par Intermezzo Films et la RTS et diffusée l’hiver prochain (La Gruyère du 18 octobre).

La légende italienne en incarne l’un des six personnages principaux. Une femme venue des Pouilles, dans les années 1960, pour travailler à la chocolaterie de Broc et faire sa vie dans le chef-lieu. L’actrice y partagera l’affiche avec la Québécoise Suzanne Clément – une fidèle de Xavier Dolan – et Elodie Bordas, comédienne de théâtre que l’on a déjà vue dans Port d’attache, une autre série signée Anne Deluz.

Du côté des messieurs, l’auteur et comédien genevois Jacques Probst, Nicolas Bridet, nominé pour le César du meilleur espoir 2011 pour Tu seras mon fils, enfin le Lausannois Antoine Basler. Dernier du sextuor, Axel Rouèche, un Fribourgeois de 14 ans, a été déniché lors du casting. Ajoutons, dans les rôles secondaires, les Fribourgeoises Céline Cesa et Laetitia Barras.

Claudia Cardinale ne vient pas par hasard sur le plateau de Bulle. Anne Deluz l’avait rencontrée en 2012 sur le tournage de L’artiste et son modèle, de Fernando Trueba. L’actrice y côtoyait Jean Rochefort, Anne Deluz y œuvrait comme assistante à la réalisation.

«Le scénario de Bulle lui a beaucoup plu», reconnaît la réalisatrice qui a aussi écrit la série à laquelle elle se consacre depuis quatre ans. «Claudia Cardinale est une travailleuse hyperactive, une force de la nature dotée d’une énergie folle. Et puis elle renvoie à une certaine idée de l’Italie. Impossible de la faire disparaître derrière un personnage…»

Sicilienne née à Tunis

On la croit volontiers. Tout le monde connaît l’histoire de cette actrice d’origine sicilienne née à Tunis en 1938 et débarquée en Italie, à 17 ans, décorée du titre de «plus belle Italienne de Tunis». A croire que le monde entier se lovait derrière les jetées de La Goulette…

Elle explose dans Le pigeon, de Mario Monicelli. Mais la réduire à un sex-symbol des années 1960 est faire insulte à son talent, reconnu dès cette époque par les plus grands: Mauro Bolognini, Luchino Visconti (Rocco et ses frères), Henri Verneuil (Les lions sont lâchés), Philippe de Broca (Cartouche), Luigi Comencini, Federico Fellini (Huit et demi), Blake Edwards, Henry Hathaway. Entre autres…

On retient son souffle au souvenir du Guépard (encore Visconti), avec Burt Lancaster et Alain Delon. Ou d’ Il était une fois dans l’Ouest, de Sergio Leone, où sa beauté suffocante rend encore plus dramatique le destin de l’ancienne prostituée qu’elle incarne. Mais la parodie lui va si bien (son duo délirant avec Brigitte Bardot dans Les pétroleuses, de Christian-Jaque…).

Ce sont toutes ces légendes qui hanteront Bulle et la Gruyère dès mardi prochain et pour une dizaine de semaines de tournage, entre décembre, janvier et le printemps.

Entre alpages et A12

Comme elle l’expliquait déjà en octobre, Anne Deluz situe cette histoire à Bulle, cette «Suisse en miniature», au pied des alpages, mais irriguée désormais par l’autoroute et ses flots de travailleurs, de constructeurs et d’argent. «L’immigration est un thème important, elle qui a tant contribué à l’essor du pays et dont elle irrigue aussi les veines.»

Sans mauvais jeu de mots, Bulle est aussi à comprendre comme l’image d’un enfermement sur quatre générations. Bulle familiale donc, mais bulle thérapeutique aussi, la maladie étant l’un des moteurs clés de l’intrigue. Bulle immobilière, immanquablement, dans cette ville longtemps championne suisse de la croissance.

«Au cours des épisodes, la série avancera en s’appuyant sur le regard de l’un de ses six protagonistes, chacun dans sa réalité», explique encore la réalisatrice genevoise. «Ce n’est pas une série de genres, mais de gens.»

Directeur de production d’Intermezzo Films, Nicolas Zen-Ruffinen s’excuse déjà des quelques désagréments que les Bullois pourraient subir ces prochains temps. Par ailleurs, la production cherche encore des figurants de tout âge (coordonnées, disponibilités et photos à envoyer à figurationserie@gmail.com). Pour espérer croiser Claudia Cardinale, fautil hésiter? ■

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