Deux coaches pros pour servir et unir la relève d’un canton

jeu, 13. déc. 2018
Fribourg-Gottéron (Gerd Zenhäusern, au premier plan) et les clubs fribourgeois (Michaël Glauser et Yvan Vuignier pour les Griffons, Emanuel Jungo et Robert Slehofer pour Sensee Future, de g. à dr.) ont officialisé leur union hier en conférence de presse. CHLOÉ LAMBERT

PAR QUENTIN DOUSSE

Au sein des clubs, le projet a été imaginé il y a bien longtemps. Le voilà désormais entériné et matérialisé: la collaboration cantonale, initiée il y a quelques saisons par une ligne directrice de formation, sera effective à compter de la saison 2019-2020. Avec une mesure phare, l’intronisation de deux entraîneurs professionnels – Pascal Schaller et Claude Fugère – dans les clubs formateurs pour une durée initiale de trois ans. Porté (et financé à 70%) par Fribourg-Gottéron, ce projet a été présenté fièrement en conférence de presse, hier à Fribourg.

Des présidents de club à Gerd Zenhäusern, chef de la formation à Gottéron-MJ, en passant par l’association cantonale, tous ont parlé élogieusement du nouveau projet «capital, stratégique et unique en Suisse». Que voici dans le détail: Pascal Schaller, ancien joueur engagé au mouvement junior de la capitale depuis six ans, sera affilié aux clubs du Nord (Gottéron-MJ, Sensee Future et EHPJT Marly). Le Neuchâtelois Claude Fugère travaillera, lui, avec la relève du Sud, au sein même des Griffons (lire ci-dessous). «Ces deux entraîneurs seront responsables d’amener une structure d’entraînement commune au sein des clubs, souligne Gerd Zenhäusern. On collaborera de manière très rapprochée, en travaillant le fil rouge chaque semaine. Leur présence doit permettre un meilleur repérage des jeunes, mais surtout un travail plus spécifique. L’intensité à l’entraînement – et le volume pour les meilleurs (moskitos ou minis top) – augmentera grâce à leur apport. De fait, le niveau général sera rehaussé pour devenir ensuite compétitif au niveau national.» Enfin, Pascal Schaller et Claude Fugère seront également chargés de former les entraîneurs bénévoles en poste dans les régions.

Elargir la pyramide

Ce concept global ne vise pas seulement la progression des joueurs orientés vers l’élite. «Bien sûr, on travaille pour revoir des futurs Sprunger ou Marchon en première équipe. Mais on ne veut exclure personne, rappelle le chef de la formation. Au contraire, l’objectif est de garder une pyramide le plus large possible, afin d’éviter un recrutement (coûteux) de joueurs extérieurs. On sait aussi l’importance des jeunes qui ne percent pas. Ils sont les arbitres, présidents et entraîneurs bénévoles de demain.»

Cette approche professionnelle amenée au sein des clubs devrait également modifier l’itinéraire des jeunes hockeyeurs. Profitant d’un encadrement plus pointu et de même niveau, d’un repérage plus fiable également, ceux-ci resteront généralement «plus longtemps» dans les régions. S’évitant ainsi des déplacements toujours coûteux en énergie. Yvan Vuignier, à la tête du CP la Glâne, salue la démarche: «On trouvera des joueurs mieux formés et les échanges avec Fribourg seront ainsi facilités.» De l’avis général, ce concept nouvellement présenté marque un tournant pour le hockey du canton. «Fribourg ne doit pas seulement être une ville de hockey sur glace, mais il doit devenir un canton de hockey!» conclut Michel Volet, président de Fribourg-Gottéron. ■


Trois questions à... Claude Fugère

Claude Fugère (58 ans) compte près de trente-cinq ans d’expérience au contact de la relève. Entraîneur dévolu à 100% au Sud à partir du 1er avril prochain, il évoque ce nouveau défi.

Claude Fugère, si vous deviez vous présenter en quelques mots...

Je suis originaire de Romainville, non loin de Montréal. Je possède une formation universitaire et j’ai passé la quasi-totalité de ma carrière dans le développement des jeunes. Depuis mon arrivée en Suisse, en 1985, j’ai travaillé pour bon nombre de clubs: Ajoie, Genève Future, Lausanne et enfin Université Neuchâtel, où je suis chef de la formation depuis cinq saisons. Ma philosophie? Celle de la rigueur... (Il s’interrompt.) De la rigueur, oui. Je suis aussi une personne qui cherche à «alimenter» la passion du jeu chez le jeune.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce challenge?

Je partage déjà les valeurs des personnes impliquées. Puis, j’ai été attiré par la particularité cantonale du projet. C’est le seul moyen d’aboutir à une formation efficace. Sauf que cela ne se fait pas du tout en Suisse! On compte énormément d’organisations mineures qui font appel à une identité forte, mais personne ne travaille en synergie. C’est tout l’intérêt de ce concept à Fribourg, qui souhaite valoriser les ressources des «petits» clubs. Concernant les Griffons, j’ai cette envie de développer encore le club. Au niveau du volume (de joueurs), mais aussi de la qualité. Il faudra notamment optimiser au mieux le nombre d’heures de glace.

Quels seront vos axes de travail avec la relève dans le Sud?

Pour améliorer la formation à la base, il faudra parvenir à une meilleure maîtrise et exécution techniques. A l’entraînement, j’apporterai davantage d’unité et une touche plus pointue dans le développement. Je tiens plus pointue dans le développement. Je tiens à la rigueur sur la glace, où je serai tous les jours avec les jeunes. Autre élément important: la formation des coaches. Je suis là pour leur amener mes compétences, au niveau de l’application pratique et aussi de mes réflexions de terrain. Quel point faut-il corriger? Comment le faire? A quel moment? Partager mon expérience aux entraîneurs bénévoles est un élément essentiel, car il est durable au sein d’un club. QD


Aide précieuse pour les Griffons

Ce projet cantonal tombe à point nommé pour les Griffons. L’entité, qui regroupe les jeunes du HC Bulle-la Gruyère, du HC Veveyse et du CP la Glâne, se verra ainsi confortée dans ses tâches auprès de la relève. «C’est à la fois une belle reconnaissance de Gottéron pour notre travail et un soulagement, approuve Jérôme Chevalley, l’un des quatre fondateurs et actuel vice-président des Griffons. Cette vision cantonale, il la fallait. Car le bénévolat a ses limites et nous approchions de la saturation au niveau de la charge de travail.»

La présence au quotidien d’un entraîneur pro, en la personne de Claude Fugère (lire ci-dessus), allégera le cahier des charges des entraîneurs en poste. Elle les bonifiera également. «Claude amènera son expé - rience, ses compétences techniques, mais aussi l’aspect pédagogique visà-vis des jeunes», souligne Yvan Vuignier, président du CP la Glâne. Aux Griffons, l’engagement de Claude Fugère coûtera 30 000 francs, le reste (70%) étant à charge de Fribourg-Gottéron. «Trente mille francs, c’est bien peu par rapport au prix effectif d’un professionnel, coupe Yvan Vuignier. Son arrivée offrira surtout de nouvelles perspectives au club. On pourra, par exemple, proposer de nouvelles tranches horaires pour les entraînements, en après-midi. Ce qui était très difficile jusqu’ici.»

Un développement fulgurant

Cette plus-value s’inscrit dans une période faste pour les Griffons. D’une centaine de joueurs à sa création en 2016, le club est passé aujourd’hui à presque 150 éléments répartis dans neuf équipes (de moskitos à novices). Sans parler des 180 tout jeunes affiliés aux trois clubs constitutifs. «C’est devenu un gros bateau, constate le Marsensois Jérôme Chevalley. On espérait bien sûr atteindre ces chiffres, mais jamais aussi rapidement. Dès le début, une dynamique s’est enclenchée et on n’a pas pu freiner cette évolution. Même si l’on n’en faisait pas un objectif, le succès a suivi sur la glace, puisque les novices A sont devenus champions romands dès la première année.»

Le club n’entend pas s’arrêter là. «Un recrutement énorme a déjà été effectué au niveau de l’école de hockey et des bambinis. Ce job doit absolument se poursuivre. Car l’objectif reste d’amener chaque année 100 petits dans la structure des Griffons.» Ce travail de l’ombre s’inscrit pleinement dans le projet dirigé aujourd’hui par Fribourg-Gottéron. «Jamais on ne veut remplacer Gottéron, et encore moins empêcher un de nos jeunes d’aller y jouer, souligne Jérôme Chevalley. Mais l’important est qu’il soit désormais sûr d’être repéré. Car le succès cantonal passe par ce job à la base de la pyramide.» QD

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