Noël est aussi appelé la fête de l’Incarnation. Quel drôle de mot, un peu compliqué et parfois oublié – on lui préfère parfois celui de nativité –, dans lequel on retrouve celui de carne ou de chair. Oui, le 25 décembre, le verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous: Jésus s’est fait homme et il est venu vers nous, vers chacune et chacun de nous, dans nos vies pleines de joies et de peines, de bonheurs et de malheurs, d’insuffisances et de grâce. Nous célébrons chaque année cette venue en l’attendant, je l’espère, avec l’impatience des enfants qui souhaitent ouvrir leurs cadeaux toujours avant l’heure prévue. Mais sommes-nous toujours impatients d’accueillir Jésus vrai Dieu dans nos cœurs? Grâce à Noël, notre foi est incarnée, elle se vit non dans les vapeurs d’une philosophie complexe ou comme une hygiène de vie dont les églises seraient les wellness modernes, mais dans la réalité vraie, comme disent les enfants. Cette foi n’est ni un supplément spirituel d’une vie largement dominée par les aspects matériels ni une gentille parenthèse dominicale d’une heure (quand le sermon du curé n’est pas trop long…): elle doit faire partie de notre vie comme l’air que nous absorbons sans cesse et impatiemment pour vivre. Mais sommes-nous toujours impatients d’accueillir Jésus vrai homme dans nos cœurs? Nous croyons en un homme né dans une crèche de bois à Bethléem et mort sur une croix de bois à Jérusalem. Le bois, cette matière si belle et pratique utilisée si souvent dans notre belle Gruyère, ouvre et ferme la vie terrestre du Christ. C’est en lui que nous mettons notre confiance. Il est né et il est mort pour nous, pour toi, pour moi. Il demande notre amour pour nous donner son amour infini et miséricordieux sans aucune discrimination ni réserve. Cet amour nous rejoint dans les fragilités, les vides et les trop-pleins de notre vie trépidante. Mais sommes-nous toujours impatients d’accueillir Jésus amour dans nos cœurs? Nous croyons à Noël, à cette naissance un peu mystérieuse, qui nous rappelle des souvenirs d’enfance, bons et parfois mauvais. Des souvenirs de cette période de décembre, quand la lumière éclaire les rues, les vitrines, les sapins de nos monts dressés dans nos villages et dans nos appartements, les tables et souvent les yeux des enfants, et quand les jours recommencent à augmenter et que nous gagnons des minutes de lumière. Mais sommes-nous toujours impatients d’accueillir Jésus lumière dans nos cœurs? Nous sommes souvent impatients de recevoir à Noël les cadeaux préparés par nos proches comme autant de signes d’attention et de tendresse venant d’eux. Mais le plus beau cadeau de Noël, c’est Jésus! Ce n’est pas si compliqué finalement que de croire à cet enfant comme nous aurions à approcher nos mains de son visage lumineux de la nuit de Noël: c’est vraiment et pour toujours le visage de l’homme et celui de l’amour de Dieu pour notre humanité. Saint et joyeux Noël à toutes et à tous! Abbé Petru Popa, Curé des paroisses de l’Unité pastorale Notre-Dame de Compassion