Le retrait de Doris Leuthard du Conseil fédéral lui a valu dans la presse suisse une salve de louanges à connotation religieuse. Elles offraient une comparaison avec les plaidoyers en faveur des béatifications. Il n’y manquait que la revendication: Santa subito! Personne ne niera certains mérites de la magistrate, mais de là à la sublimer, il y a un pas qui ne devait pas être franchi. Et puis, comme beaucoup pouvaient le souhaiter, on ne trouvait aucune remarque marginale sur le passif à son bilan d’activité au Gouvernement. Pourtant, quelques ratages ne pouvaient échapper à l’attention de l’observateur. Par exemple, pour ce qui concerne le canton de Fribourg, le déménagement précipité de Billag vers le centre magique de Zurich, à une entreprise mal préparée à cet héritage impromptu, si l’on en juge aux problèmes qu’elle rencontre actuellement. Notons aussi à propos du scandale Car Postal, l’indifférence de son département, pourtant plusieurs fois alerté sur les fantaisies comptables de l’entreprise. Idem quant à l’attribution à la société Bombardier de la fourniture de nouvelles rames aux CFF, alors que de toute évidence, le produit n’était pas au point. Bien sûr, dira-t-on, la branche transport de son département n’est pas directement partie prenante dans cette opération. Cependant, un peu de curiosité s’agissant d’une dépense en milliards, qui implique aussi le contribuable aurait été bienvenue. Enfin le plus grave, la décision prise à la légère de ne pas interdire l’usage du glyphosate, ce produit hautement toxique auquel elle n’attribua que des effets mineurs, tant le dosage est faible. Elle est sans doute la seule à ne pas savoir que l’accumulation dans les sols des résidus substantiels en fait un poison à effets secondaires durables. Le récent rapport d’experts sur l’analyse des plumes de moineaux, dont on assiste à la disparation le confirme assurément. Voilà qui ne peut que jeter quelque ombre au tableau idyllique qu’on lui a peint.
Clovis Colliard, Châtel-sur-Montsalvens