Pour un bon score au National, il faut d’abord une liste forte

jeu, 24. Jan. 2019
Pour avoir les meilleures cartes en main le 20 octobre, les partis préparent leurs listes depuis plusieurs mois déjà. CHLOÉ LAMBERT

PAR DOMINIQUE MEYLAN

ÉLECTIONS FÉDÉRALES. Avant la lumière de la campagne, le travail commence dans l’ombre. Pour composer la liste la plus séduisante et la plus représentative qui soit, les partis ne laissent rien au hasard. A neuf mois de l’élection au Conseil national et alors que les assemblées de nomination vont se succéder ces prochaines semaines, ils livrent quelquesunes de leurs recettes.

Dans un scrutin à la proportionnelle, comme c’est le cas le 20 octobre, la liste remporte des sièges, qui sont ensuite attribués aux concurrents les mieux classés. Un candidat doit à la fois réaliser un bon score et pouvoir compter sur ses pairs. Présenter des listes qui convainquent une large frange des électeurs est donc primordial pour gagner.

CHEZ LES GRANDS

Le PDC, l’UDC, le PS et le PLR fonctionnent approximativement de la même manière: il y a plusieurs mois déjà, les sections ou les fédérations actives dans les huit cercles électoraux ont été priées de se lancer à la recherche de la perle rare. Une fois qu’un nom se dégage, le choix est confirmé en assemblée de district, puis par les délégués cantonaux.

Mais le canton compte huit cercles (les 7 districts et la ville de Fribourg) pour sept places au Conseil national. Certains partis prennent donc des libertés avec le sacro-saint principe de la représentation des régions. Au PS, la Glâne et la Veveyse doivent s’unir pour laisser la place à la ville de Fribourg. «La Veveyse a autant d’habitants que le Schönberg», justifie son président, Benoît Piller. Le PDC consent également à certaines dérogations.

La présidence du parti ou le comité de campagne interviennent presque systématiquement pendant le processus. Les dirigeants tentent ainsi d’assurer une certaine diversité. «Au début du processus, le comité de campagne réunit les présidents de section en leur expliquant qu’ils seraient bien inspirés, en plus des compétences, d’avoir une belle représentation des régions, des langues et des genres. Et aussi des profils professionnels différents ou des jeunes à mettre en avant», explique le président du PLR, Sébastien Dorthe.

CHEZ LES PLUS PETITS

Les Verts, le PCS - Centre gauche, le PBD ou le PVL ne font pas intervenir leurs sections, c’est la direction qui mène les recherches. «Nous réfléchissons aux personnes qui sont les plus à même de défendre nos couleurs. Il y a la question de la notoriété, mais aussi du parcours politique, professionnel ou associatif», explique Bruno Marmier, président des Verts.

LE CHOIX DU ROI

Un équilibre des genres, des régions et des langues constitue, pour beaucoup de partis, un idéal qui leur permettra d’engranger un maximum de suffrages. Seule l’UDC affirme ouvertement n’avoir aucune réticence à présenter une majorité d’hommes. «Nous n’avons pas de quota», précise son président, Christophe Blaumann. Pour un parti comme le PBD avec un réservoir restreint de membres, il est compliqué de répondre à ces critères. Actuellement, les quatre candidats pressentis sont des hommes, tous membres du comité directeur.

ALORS, FACILE?

Oui et non, quand ce n’est pas une onomatopée, toutes les réponses sont possibles. Parmi les plus positifs, le PLR: «Nous avons la chance à Fribourg d’avoir le vent en poupe, commente Sébastien Dorthe. Il y a une motivation et un intérêt spontané pour les charges publiques.» Au PS, les prétendants se sont avérés plus nombreux que les places disponibles. Pour Benoît Piller, les ambitions de la gauche, qui vise un troisième siège, ne sont pas étrangères à cet intérêt.

Le PDC confesse avoir eu davantage de mal. Pourtant, avec Dominique de Buman, seul des sept conseillers nationaux à ne pas briguer de nouveau mandat, la formation fait miroiter le Graal à ses candidats, une place au Parlement. Oui, mais la bataille s’annonce rude, réplique le vice-président du PDC, Markus Bapst: «Le siège sera combattu et nos adversaires ont envie de le récupérer.»

Il ne pense pas pour autant que le recul de son parti explique ces difficultés. Pour Markus Bapst, les réticences des candidats sont souvent liées à leur vie privée et professionnelle: «Nous avons eu un cas où un employeur a simplement refusé la candidature d’une personne.»

UN OUTIL MAGIQUE, LE TÉLÉPHONE

Des présidents de parti, pendus au téléphone, tentant de convaincre de potentiels candidats, l’image ne correspond pas totalement à la réalité. Dans les grands partis, l’élection au Conseil national suscite suffisamment d’intérêt pour éviter ce genre de manœuvres. «Je n’ai pas l’impression que les présidents doivent se mettre à genoux ou faire d’interminables téléphones», rapporte Christophe Blaumann. C’est davantage vrai dans les petites formations, où il faut convaincre les papables de trouver du temps et d’accepter l’exposition médiatique.

Dans la recherche de candidats pour le Grand Conseil, un téléphone s’avère bien plus utile. Autrefois président de la section PLR de Sarine-Campagne, Sébastien Dorthe raconte: «Nous ne faisons pas de téléphones deux mois avant le dépôt des listes, le travail s’effectue tout au long de la législature. Quand nous avons la possibilité de convaincre quelqu’un d’intégrer le PLR, nous allons le faire.»

UNE BELLE OCCASION DE SE PROFILER

A l’exception du PS, tous les partis admettent avoir les élections cantonales en tête au moment de composer leurs listes. Faire campagne pour le Conseil national peut offrir une visibilité très utile par la suite. «Bien sûr que nous songeons à la relève, relate Bruno Marmier. Il faut penser à 2021, voire à 2035.» Sophie Tritten, coprésidente du PCS - Centre gauche abonde: «Nous nous sommes rendu compte que certains candidats aux dernières élections fédérales sont entrés ensuite au Grand Conseil.»

VÉRIFICATIONS

Une publication douteuse sur les réseaux sociaux, une condamnation ou des poursuites judiciaires peuvent jeter le discrédit sur un candidat et péjorer sa liste. Certaines formations prennent leurs précautions. «Les candidats doivent montrer patte blanche», témoigne Christophe Blaumann. L’UDC exige un extrait du casier judiciaire et des actes de poursuite. Le PLR effectue des vérifications et les Verts organisent des entretiens.

Les autres misent sur la confiance. «Nous connaissons les candidats, ce sont des gens actifs, qui ont parfois même une fonction au sein du parti», explique Benoît Piller.

La grande majorité des formations demande toutefois à leurs candidats de signer une charte qui fixe des règles sur la campagne, son financement, le respect des autres candidats et la ligne politique. Au PDC, on pense même à l’avenir. «Il est demandé aux candidats de veiller à leur succession. Le parti essaie de lier un peu plus les gens à ce niveau-là pour planifier le futur», développe Markus Bapst.

DANS LA DROITE LIGNE

Défendre des idées, c’est bien, mais encore faut-il que ce soit les bonnes. Que les candidats se situent à la bonne place sur l’échiquier politique inquiète surtout le centre. «Evidemment dans notre parti, les fronts sont assez larges et c’est un objectif clair de la commission électorale que les candidats représentent vraiment le cœur du centre», rapporte Markus Bapst. «Nous avons prévu des hearings», ajoute Irène Bernhard, présidente du PVL. «Certains éléments sont no go», renchérit son homologue du PBD, Anthony Jaria. ■

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