Le 23 novembre, l’«apiculteur» et biologiste allemand Torben Schiffer a présenté sa vision de l’apiculture. L’objectif était de convaincre que celle-ci fait tout faux depuis plusieurs dizaines de décennies. Torben Schiffer, qui prétendait en introduction ne pas donner de leçons de morale, a tenu un discours messianique, passant en revue les principales pratiques de l’apiculture, dénonçant tour à tour l’«inique» exploitation des abeil­­les pour en récolter le miel, les «vices» de la sélection, le nourrissement des abeilles en période de disette, et surtout les modèles de ruches utilisées en apiculture moderne. S’appuyant sur des arguments pseudoscientifiques, Torben Schiffer et ses amis utilisent fort habilement les noms et travaux de chercheurs réputés dont ils tirent des conclusions, qui n’ont, elles, rien de scientifiques, qui ne sont que de simples hypothè­ses qui n’ont pas été testées, mais qui sont assénées comme des vérités.
Dans la foulée, Torben Schiffer propose pour la modique somme de 600 francs un nouveau modèle de ruche, inspiré de l’habitat naturel des abeilles, qui n’est rien d’autre en termes d’innovation que l’appropriation et le brevetage de la ruche-tronc, une ruche traditionnelle utilisée depuis le Moyen Age. Pour subjuguer son public, Torben Schiffer adopte un ton inspiré, à mi-chemin entre celui du pasteur et du professeur en chaire. Il refuse de répondre à toute question avant la fin de ses quatre heures d’endoctrinement, au terme desquelles les auditeurs, épuisés, auront perdu tout jugement critique et applaudiront à tout rompre. Un auditeur a toutefois demandé si de telles pratiques étaient légales, question à laquelle il n’a pas obtenu la réponse appropriée: non, il est illégal de laisser crever de faim et de maladie des animaux domestiques, serait-ce au nom de la «sélection naturelle». Francis Saucy, biologiste, apiculteur et rédacteur à la Revue suisse d’apiculture