PAR YANN GUERCHANIK

Tombé en désuétude, le Vieux Chalet de Crésuz va rénover son intérieur de fond en comble pour un montant dépassant les 2 millions de francs. Cette somme sera dégagée de l’exploitation d’une vingtaine d’appartements qui vont être construits autour du chalet. Ces derniers prendront place dans trois complexes d’habitations à trois étages.
Au total, le projet immobilier occupera quelque 5000 mètres carrés (Vieux Chalet compris) pour un montant estimé à 20 millions de francs. Il devrait être prochainement mis à l’enquête.
L’avenir de l’auberge-restaurant, considérée comme une institution, rassure pas mal de monde à Crésuz. Fin novembre 2010, l’Hôtel Cailler, locataire à l’époque, dénonçait son bail. Le fameux chalet perché sur la colline n’était tout simplement plus rentable sans d’importants travaux de rénovation. Dès lors, les doutes persistaient sur l’exploitation du restaurant et de ses six chambres.
Nouveau président du conseil d’administration du Vieux Chalet, Jean-Pierre Repond a commandé trois projets et finit par trouver une solution. Pour le directeur des Charmoises Immobilier SA et ancien directeur d’André Repond SA, l’affaire ne fait pas un pli: «Faute de pouvoir exploiter le terrain à côté, il aurait été impossible de sauver le Vieux Chalet.»

Apparts avec services
Le projet retenu est celui de l’architecte Bernard Rime et son bureau bullois ArchiRime SA. «Nous avions pour principal souci d’intégrer les constructions dans le patrimoine bâti, relève Jean-Pierre Repond. C’est pourquoi nous avons impliqué très tôt la commune et le Services des biens culturels.» Une couronne de chalets jumelés «de style traditionnel» entourera en partie le Vieux Chalet. «On y trouvera des appartements allant du studio au 4 pièces et demi, voire plus grand, destinés à la vente ou à la location.»
Ces derniers auront la particularité de comprendre des services à la carte en interaction avec le Vieux Chalet: «Conciergerie, secrétariat, restauration, taxi… la palette est large, expose Jean-Pierre Repond. Elle s’adresse autant à des personnes âgées, qui ont besoin de personnel pour conserver leur autonomie, qu’à des gens souvent absents de leur domicile, qui ont besoin qu’on leur remplisse le frigo ou qu’on règle leur chauffage avant qu’ils n’arrivent.»
Pour le Vieux Chalet, voilà qui devrait apporter de l’eau au moulin. L’établissement ne perdra donc pas sa vocation d’auberge-restaurant. Les six chambres d’hôtel se verront même compléter par plusieurs chambres situées dans l’un des nouveaux complexes, selon le promoteur. Ce dernier se mettra prochainement à la recherche d’un couple de tenanciers. En tout, une dizaine de postes seront à pourvoir pour faire tourner l’établissement et fournir les services proposés.
Jean-Pierre Repond espère pouvoir commencer la mise en chantier cet automne et livrer les premiers appartements fin 2013. En plus des chalets, le projet prévoit un parking souterrain d’une quarantaine de places. Quant à la rénovation du Vieux Chalet, elle sera lourde: «L’extérieur ne changera pas, mais on va complètement rénover l’intérieur, surtout refaire l’isolation et le chauffage. On va aussi y mettre des ascenseurs, dont un reliera un groupe d’appartements.» Le Vieux Chalet pourrait dévoiler ses nouveaux atouts dès l’été 2013.

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Un patrimoine affectif
Le Vieux Chalet ne figure pas sur la liste des bâtiments protégés, mais les habitants de la région lui vouent une grande affection. A Crésuz, c’est une véritable institution. «A tout moment, une société locale ou la commune me contacte pour y organiser une assemblée», indique Jean-Pierre Repond, président du conseil d’administration de l’établissement. Et le promoteur d’ajouter: «Sans le Vieux Chalet, c’est un peu la fin d’un village. Au centre du nouveau projet immobilier, il devrait pleinement réhabiliter un lieu de rencontre entre les habitants.»
Jean-Pierre Repond a d’ailleurs pu constater la charge émotionnelle liée à l’établissement lors de l’étude de projet. Un bureau vaudois avait présenté un concept où le Vieux Chalet était tout bonnement rasé. Le moins que l’on puisse dire est que l’idée n’avait pas franchement fait l’unanimité, notamment auprès de la commune. Car Jean-Pierre Repond a très vite investi les autorités communales ainsi que le Service des biens culturels dans les démarches.
«Le but était de collaborer, témoigne le syndic Didier Bütikofer. Avec la commission d’aménagement et les Biens culturels nous avons donné notre avis et proposé des corrections à l’avant-projet. Densifier la zone nous a paru intéressant pour redonner vie au village et l’important était de ne pas briser la position dominante du Vieux Chalet. Comme on dit ici: Paris a la Tour Eiffel, Crésuz a le Vieux Chalet.» YG