La campagne «C’est l’abus comme t’as bu» démarre la semaine prochaine. Son but est de sensibiliser les jeunes aux conséquences de la consommation massive d’alcool. A terme, les organisateurs de fêtes pourraient être obligés de respecter un label.
par Charly Veuthey
Comme partout en Suisse, la biture express est en recrudescence en Gruyère. Dans le cadre de la «Semaine alcool suisse», l’association Stop Violence en Gruyère lance une campagne en quatre axes destinée à lutter contre la consommation excessive d’alcool chez les jeunes.
Le préfet Patrice Borcard, président de l’association, constate que «la biture express est une réalité dans le district. Elle n’a pas seulement des conséquences graves sur la santé des jeunes consommateurs, mais aussi sur celle de leurs contemporains, qui se retrouvent impliqués dans des violences liées à l’alcool et sur la société, qui en subit les nuisances.» Les incivilités sont associées à la consommation abusive dans deux tiers des cas.
Chez les 15-18 ans, la biture express est devenue une habitude. Anne Joris Brouwer, chargée de prévention à Reper – promotion de la santé et prévention – explique: «La biture express est une consommation excessive et rapide qui est, chez les jeunes, une forme de rituel d’intégration dans le groupe.» Le phénomène est aussi lié aux interdictions de vente: les jeunes consomment ce qu’ils ne peuvent pas obtenir dans les fêtes ou dans les bars avant d’y aller, pour être sûr d’être «en état». Avec des conséquences dramatiques: une étude récente d’Addiction suisse a montré que, chez les 10-23 ans, «les hospitalisations pour intoxications alcooliques ont augmenté de 73% entre 2003 et 2010.»
Campagne en quatre axes
La campagne durera une année. Elle débutera le jeudi 23 mai. A 19 h 30, à la suite de l’assemblée générale de Stop Violence en Gruyère, le public est invité dans les nouveaux locaux de la Banque cantonale de Fribourg, à Bulle, pour prendre connaissance des actions prévues. Des représentants du Plan national et de Plan cantonal alcool viendront aussi partager leur vision.
Pour les jeunes concernés, les organisateurs ont mis sur pied un concours (de juin à septembre) qui les incitera à réaliser un clip vidéo ou une affiche sur le thème de la biture express. Il sera présenté dans les écoles et les travaux primés seront utilisés pour faire de la prévention auprès des autres jeunes. Dans l’attirail des mesures proposées, la sensibilisation des parents est aussi à l’ordre du jour. Des conférences publiques seront organisées durant l’année.
Aide aux organisateurs
Lors de la conférence de presse d’hier, le témoignage d’un président de société de jeunesse a mis le doigt sur les difficultés rencontrées par les organisateurs de fêtes. Le problème s’est déplacé de l’enceinte des fêtes à ses environs. Malgré l’engagement des organisateurs pour la sécurité, ils n’ont aucun contrôle sur ce qui se passe dans le périmètre de la fête ni sur les parents qui n’assument pas leurs responsabilités.
Le quatrième axe de la campagne vise à apporter de l’aide à ces organisateurs. Stop Violence et Reper vont s’associer pour créer une brochure de conseils aux organisateurs. A terme, le but est de proposer un label, sur le modèle du label Fiesta en Valais. S’il devait être adopté, l’autorisation de manifestation ne serait délivrée qu’aux organisateurs qui respecteront le cahier des charges du label.
Le préfet Patrice Borcard a bien conscience que les bitures express se produisent dans un contexte où l’alcool, voire la cuite, est largement accepté par la société. Il constate aussi que la police est souvent démunie, faute de lois adaptées. La Confédération est d’ailleurs en train de revoir toute sa politique sur l’alcool.
Le but de la campagne est donc bien de lutter contre la biture express, et pas contre l’alcool en général, en touchant les principaux concernés, les jeunes eux-mêmes, en leur faisant prendre conscience des risques qu’ils courent et qu’ils font courir.
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