Les Habsbourg ont conduit les Buchs jusqu’à Bellegarde

| jeu, 25. jui. 2013
Huitième volet de notre série sur les familles fribourgeoises. A l’honneur, les Buchs, qui ont fui les ducs d’Autriche jusqu’à Bellegarde.

PAR SOPHIE MURITH


Aujourd’hui, pour les Fribourgeois, le patronyme Buchs est quasiment indissociable du village de Bellegarde. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.

Les origines
La famille von Buchs provient d’un village du même nom à la frontière entre les cantons de Zurich et d’Argovie. Les von Buchs ont fourni de nombreux chevaliers aux barons de Resenberg jusqu’au début du XIVe siècle. Le déclin de ces seigneurs, consécutif à la guerre que leur menèrent Rodolphe de Habsbourg et la ville de Zurich, obligea les ancêtres des Buchs à émigrer vers Bâle, dont ils deviendront bourgeois. Leur nom disparaît des documents bâlois dès le milieu du XVIe siècle, après que l’une des branches l’eut fait émigrer en 1380 vers la Suisse romande.
A la suite des soulèvements des bourgeois de Bâle (1367-1377) contre l’évêque, allié des ducs d’Autriche, Gottfridus von Buchs, fuit avec d’autres vers Strasbourg. La vindicte des Habsbourg les y poursuit. Dès 1380, à la demande du duc Léopold, l’empereur interdit à Strasbourg d’abriter les réfugiés bâlois. Gottfridus von Buchs part donc pour Fribourg où il est reçu bourgeois en juin 1381. En 1383, il est à nouveau obligé de fuir devant les Autrichiens. Fribourg, leur allié, est en guerre contre Berne. C’est à Bellegarde, en Gruyère, dont le comte est un partisan des Bernois, qu’il trouvera refuge.

Le nom
Le patronyme dérive du latin buxus, le buis. Un arbuste très répandu à l’époque romaine sur les collines environnant le Katzensee, à une encablure du village de Buchs. Au Moyen-Age, il est fait mention de la famille sous différentes formes écrites: Pusaha, Buhsa, Buhsan, Busse, Buhse, Bukse, Bueches.
La première mention dans un acte d’un «von Buchs» date de 1185: Cuno avait été témoin de la fondation du couvent de Cappel. Au milieu du XIIIe siècle, on retrouve des Buchsa, Buchse et des Buchs. Comme aujourd’hui.

Les armoiries
Il existe deux armoiries très répandues, même si chaque branche possède la sienne. La première porte en son centre une rose stylisée, sur un fond rouge et jaune. Sur la seconde figure un sapin, probablement une évocation erronée découlant du buis originel.

Les personnalités
Des treize branches de Buchs originaires de Bellegarde, il n’en reste désormais que quatre. De la première,  descend Christen Buchs, l’un des meneurs de l’insurrection de Bellegarde en 1635 ou Raymond Buchs (1878-1958), le peintre et élève de Hodler. Joseph Buchs, prénom des plus courants dans la famille, fut le lieutenant du dernier bailli avant de devenir, en 1803, le premier syndic de Bellegarde. A noter encore dans la deuxième lignée, Victor Buchs, conseiller d’Etat, responsable de la construction des ponts des Zähringen et de Pérolles, à Fribourg. Plus proche, Roland Buchs fut commandant de la Garde suisse à Rome. De la quatrième branche, peu connue car les documents la concernant ont brûlé, on peut citer Denis Buchs, ancien conservateur du Musée gruérien, à Bulle.

Les implantations
Les Buchs sont présents en France, où l’orthographe de leur nom a parfois été modifiée en Boux, avec ou sans «e» final. Ils sont également présents en Australie et aux Etats-Unis, en Ohio notamment. Dès la fin du XVe siècle, certains se sont installés  dans l’Oberland bernois. Ils s’établissent à La Lenk et deviennent protestants.
Les Buchs sont ainsi bourgeois de Fribourg, Bellegarde, Matran, Cerniat, Bulle, Riaz, Rue, Marsens, Montilier, Wünnewil. La plupart sont francophones depuis plusieurs siècles.

 

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Dans les pas d’Athanas
Joseph Buchs a passé une grande partie de sa vie à Bellegarde. «Une des seules communes qui est en possession de la généalogie de toutes ses familles bourgeoises.» Ce travail pharaonique a été effectué par le chanoine Athanas Thürler. «Lorsqu’il allait avoir 80 ans, il m’a dit: “je vais tout mettre au feu”.» Joseph Buchs, pour l’en dissuader, accepte de reprendre les 30 classeurs, gorgés d’originaux. «L’abbé a tout de même mis une condition. Je devais continuer son travail.» Pour une question de place, les documents sont désormais entreposés à La Villette, où le retraité de la fonction publique, partage son temps avec Fribourg.
«Je me suis aussi intéressé à la généalogie car je savais qu’une branche des Buchs était en Alsace. Ma mère est, par hasard, alsacienne. Je voulais savoir s’il y avait un lien. Ce n’est pas le cas.»
L’arbre de sa famille, fort de 1400 feuilles, est disponible sur internet et il est mis à jour au fur et à mesure. «J’ajoute aussi des photos, mais uniquement celles des personnes décédées, qui en représentent un tiers, car les vivants changent toujours.» Existe-t-il un trait de caractère commun aux Buchs? «Ma femme dirait qu’on veut toujours avoir raison...» L’esprit de famille est bien présent chez les Buchs. «On sait que l’on vient du même endroit, un endroit très retiré. Grâce au dialecte, nous pouvons nous reconnaître à l’oreille.» Il se souvient de son père instituteur qui pouvait faire l’impasse sur la colonne origine de ses listes de classe. L’éloignement de Bellegarde a conduit parfois à des mariages entre Buchs. «On était contents quand il y avait un apport de l’extérieur pour rafraîchir le sang.»
En 1980, Joseph Buchs organise une réunion de famille. Il imprime un set de table orné de l’arbre généalogique et un petit livret historique. «Je n’ai pas recherché les origines de ma famille, car cela avait déjà été fait dans les années 1940.» L’abrégé était même affiché, en français, sur un mur des escaliers des Archives de l’Etat de Fribourg, alors basées aux Augustins.
«J’avais invité 220 personnes, 180 sont venues à La Villette, principalement du canton de Fribourg. Beaucoup parlaient le français.  C’est assez naturel, l’ouverture de Bellegarde se fait vers la partie francophone. Le col des Euchels n’était accessible qu’à pied et le Jaunpass n’est ouvert que depuis cent ans.» Il relève que ces ancêtres, comme les Gruériens, parlaient surtout le patois. «Je suis toujours impressionné de voir que les francophones prononcent instinctivement juste notre nom de famille. Même s’ils ne savent pas ce que cela veut dire.» SM

Commentaires

Bonjour Monsieur, Mon grand pére mon pére et mes oncles ont émigré en FRANCE en 1916. Ils se sont établis dans la région TOULOUSAINE. J'ai fait ce travail de recherche en la mémoire de mon père (JOSEPH ARSENE)l'ayant perdu bien trop tôt à mon adolescence . En 1996 date du début de mes recherches j'ai eu la chance de rencontrer l'abbé THURLER qui a écrit sur la généalogie des"BUCHS" De cette rencontre j'ai appris que ma famille venait de la branche des Notaires. Je me rends de temps a autre dans mon autre si beau pays d'origine(ayant la double). Je suis tout à fait disposé à vous rencontrer si vous le souhaitez lors d'un de mes voyages. Mon mail personnel: jeandebellegarde@gmail.com Cordialement Jean BUCHS
Je suis enchanté de ce document sur la famille Buchs. Ma mère se nommait "Madeleine Valérie Buchs. J'ai des relations avec des Buchs à Ushuaia et London Ontario.
Etant un descendant des BUCHS de Bellegarde,je vous remercie pour ce texte ainsi que JOJO pour les archives. Salutations

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