Voilà plusieurs années que je constate avec inquiétude les changements auxquels est soumise notre bonne vieille ville de Bulle. Ces changements sont tellement importants que je ne m’y retrouve plus! Eh oui, nous avons connu Bulle comme une petite ville campagnarde où il faisait bon vivre...
Aujourd’hui, place à une cité-dortoir, bitumée sous toutes ses coutures. On y voit surtout des gens stressés et inconnus habitant des immeubles – souvent moches – qui poussent comme des champignons. A tel point que ce coin de notre «verte Gruyère» se transforme – comme le dit la chanson – «en mur de béton».
Certes, nous devons vivre avec notre temps, avec le modernisme qui le caractérise. Néanmoins, où sont placées les limites? Y en a-t-il? Pourquoi tout est si désordonné? Personnellement, je ne me reconnais plus dans ce vaste chantier permanent, slalomant entre les travaux et les priorités de droite non respectées. Bulle continue pourtant à se promouvoir comme une ville campagnarde, proche des
valeurs du terroir et des traditions paysannes.
A présent, ce sont les promoteurs qui célèbrent l’environnement et profitent de l’image d’une Gruyère naturelle. Ce sont eux aussi qui rapprochent les limites de la ville au plus près des domaines agricoles et développent un urbanisme sans queue ni tête. On a l’impression que cette ville n’a plus de mémoire, construisant des routes étroites avec des chicanes surélevées et des blocs de béton partout. Les quelques paysans qui subsistent ne peuvent y circuler avec les machines imposantes utilisées de nos jours. Sans parler du dernier pré du centre-ville: il va lui aussi disparaître au profit de la croissance économique.
Je suis nostalgique, fâchée et triste de subir ces transformations qui vont trop loin... Quelle identité pour la ville de Bulle? Décidément, notre société de consommation privilégie toujours l’avoir au détriment de l’être. Bulle d’air ou Bulle d’oseille?
Delphine Stocker, Bulle