La salle de concert Bad Bonn, à Guin, fête son quart de siècle. Pas de bougies à souffler sur un gâteau, pas de cérémonie d’anniversaire avec discours de circonstance, mais un livre sorti de presse en mars, le Bad Bonn song book.
PAR XAVIER SCHALLER
Avec son format A4 et ses 528 pages, le Bad Bonn song book fait penser à un bottin de téléphone. Un bottin habillé d’une couverture à paillettes et contenant les «partitions» de 164 groupes qui ont fréquenté la salle de concert ces trois dernières années. Un objet insolite pour célébrer un lieu qui l’est tout autant. La graphiste Katharina Reidy et le programmateur du Bad Bonn Daniel Fontana le présentent.
Comment vous est venue l’idée du Bad Bonn song book?
Katharina Reidy. Avec Adeline Mollard, également graphiste, nous voulions publier un livre avec l’équipe du Bad Bonn. Pour un tel lieu, un livre souvenir traditionnel n’avait pas de sens. D’ailleurs, nous n’avions ni le matériel d’archives nécessaire ni la capacité de le produire. Alors nous avons décidé de créer un truc spécial, différent.
Daniel Fontana. Nous essayons toujours de ne pas faire comme les autres. Nous voulions aussi que le livre parle plus du moment présent que du passé. Il ne devait pas présenter le Bad Bonn comme quelque chose de fini, de figé.
Finalement, il contient quoi ce livre?
K.R. C’est un genre de chansonnier, qui concentre l’esprit de la musique jouée durant trois ans. A chaque concert, nous avons demandé au groupe de mettre une chanson sur papier. Il y a quelques partitions, mais surtout des illustrations, des dessins, des notes, des photos.
D.F. Souvent, les musiciens ne savaient pas du tout dessiner, mais ils l’ont fait quand même. On peut très bien jouer en regardant un dessin. Les morceaux évoluent, comme une histoire qui change chaque fois que tu la racontes.
Les artistes ont-ils accepté de jouer le jeu?
K.R. La plupart des musiciens étaient tout de suite partants, c’était impressionnant. Le livre regroupe 164 contributions. C’est sans doute plus facile pour ce genre de musiciens. Ceux de jazz auraient peut-être été plus prudents, plus réfléchis.
Vous avez également tourné de courtes vidéos…
K.R. Oui, des tutoriels des chansons du livre, visible sur le site www.bbsongbook.ch. Ajouter de l’image et du son était une chance à ne pas manquer. Ces films montrent bien le caractère, l’esprit des groupes. Comment chacun fait de l’art. Cela va du très sérieux à la blague complète.
D.F. Les musiciens se contrôlent moins dans ce cadre hors scène. Ils sont authentiques et c’est une vraie rencontre, un portrait personnel et musical. L’ensemble, livre et vidéo, peut intéresser des gens qui ne sont jamais venus au Bad Bonn ou des gens de l’étranger. Le livre comprend aussi quelques textes en anglais, en allemand et en français. Mais si le livre sort en Chine, on peut les enlever et ça fonctionne quand même.
Comment avez-vous convaincu Patrick Frey, un éditeur de livres d’art, de vous publier?
K.R. Nous étions intéressés à travailler avec lui et il a tout de suite dit oui. Quand nous l’avons rencontré, nous avions juste 20 ou 30 feuilles à lui montrer. Nous avons à peine parlé de ça et il a tout de suite demandé quand on voulait sortir le livre.
D.F. Cet éditeur correspond bien au Bad Bonn: Patrick Frey fait de beaux livres qui se vendent peu et nous organisons des concerts qui attirent peu de public. Il s’est occupé de trouver l’argent nécessaire et il a tiré le Bad Bonn song book à mille exemplaires. Grâce à son réseau, le livre est distribué dans le monde entier ou presque.
Nous allons maintenant tout faire pour la diffusion du livre. J’ai organisé un vernissage qui a eu lieu à Londres, au Rough Trade, un des plus grands magasins de musique au monde. Que le livre se vende, ce serait un peu un deuxième challenge.
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