En dix ans, les Bains de la Gruyère ont fait leur lit

| jeu, 06. avr. 2017

Le 31 mars 2007, les premiers clients poussaient les portes du centre thermal charmeysan. Aujourd’hui, l’endroit fait partie du paysage. Près de deux millions de personnes, principalement des Fribourgeois, y ont fait trempette.

PAR JEROME GACHET

Charmey, ses montagnes, ses pistes, son église… et ses Bains. Comme s’ils avaient toujours été là, intégrés au paysage et aux habitudes des gens de la région.
Cela ne fait pourtant que dix ans que l’établissement a ouvert. C’était le 31 mars, à 9 h pile. Ce jour-là, Gilbert Jacquat et Béatrice Ambühl étaient déjà de la partie. Lui comme président du conseil d’administration, elle comme cheffe d’exploitation (avant de reprendre la direction en avril 2010).
Depuis, le succès des Bains ne se dément pas: «Depuis l’ouverture, cela a très peu changé avec 200 000 visiteurs environ chaque année. En fait, nous oscillons entre 190 000 et 210 000, avec un record à 212 000, en 2014», se félicite Gilbert Jacquat. Au total, ce sont près de deux millions de personnes qui se sont immergées dans les bassins gruériens.
Une stabilité qui tient avant tout à l’origine des visiteurs: oui, ce sont surtout les Fribourgeois qui font marcher les Bains. «Les 80% de notre clientèle habite à moins d’une heure de route d’ici», reprend Gilbert Jacquat. Pour les 20% restants, des Suisses de cantons plus éloignés et quelques étrangers durant les périodes de vacances.
En période de crise du franc fort, cette clientèle régionale représente un atout indéniable. Sa fréquentation régulière offre ainsi aux Bains une assise financière enviée.
«Depuis 2010, les résultats sont positifs, reprend Gilbert Jacquat. Ce qui n’était pas le cas en 2007, 2008 et 2009 en raison d’amortissements importants. Cela nous permet de faire face aux dépenses courantes de l’exploitation, de rembourser nos engagements et de financer des améliorations.» Les comptes ne sont en revanche pas publiés.


«Aucun dividende»
A l’investissement de départ (24 millions) sont venus s’ajouter 3 millions nécessaires à la réfection des sols, jugés trop glissants, à des ajustements techniques, mais aussi à la création d’un troisième bassin avec accès sur la pelouse extérieure. Cette nouvelle piscine remplace l’espace destiné aux enfants – les deux pyramides – qui n’a jamais vraiment trouvé son public. En 2018, la réception sera revue. La rénovation de l’espace wellness est également au programme, mais dans un avenir plus lointain.
Les Bains, une affaire qui roule. «Pour le moment, aucun dividende n’a été versé aux actionnaires», précise cependant Gilbert Jacquat.
Mais qui sont ces actionnaires? Il faut se souvenir que c’est un homme d’affaires russe, le discret Igor Khodorkovsky, qui détient 75% du capital de la société anonyme. L’Association régionale la Gruyère et l’Hôtel Cailler se partagent le reste.
Igor Khodorkovsky fait toujours partie du conseil d’administration, mais ses deux fils prennent peu à peu le relais: ils habitent Val-de-Charmey et ont obtenu la nationalité suisse. Le papa, lui, a déménagé en Israël.


Et la concurrence?
L’avenir devrait rimer avec continuité. Pourtant, à Avry-Centre, à 25 km de là, un centre aquatique pourrait voir le jour. Pas de quoi affoler Béatrice Ambühl: «Pour l’instant, il s’agit d’une piscine. C’est assez différent de ce que nous proposons.» ■

 

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Les Bains ont fait quelques vagues


Sur le plan économique et touristique, les Bains font l’unanimité. Selon une étude pilotée par l’Observatoire fribourgeois du tourisme, leurs retombées sont évaluées à quelque 22 millions de francs par année. A titre de comparaison, les remontées mécaniques de Charmey génèrent 8 mio. Durant leurs dix ans d’existence, les Bains ont cependant connu quelques affaires. La première, avant même l’ouverture du centre, concernait l’interdiction d’y accéder pour les enfants en bas âge. Malgré la pression populaire, la société n’avait pas transigé, même si elle avait ramené l’âge minimal de cinq à quatre ans révolus.
En 2008, c’est le prix de l’eau qui est remis en question. Il s’avère tout d’abord que le centre thermal nécessite davantage d’énergie que prévu initialement pour chauffer une eau qui sort de terre à 12 degrés. En avril 2008, c’est le clash avec la commune au sujet du prix du kWh. L’affaire se réglera deux ans et demi plus tard, grâce à l’intervention d’un médiateur, chaque partie acceptant de couper la poire en deux.
En 2010, la gestion des Bains, par la société française Eurothermes, provoque des remous. Constatant d’abord des lacunes au niveau de la comptabilité, puis qu’un employé se servait dans la caisse, le conseil d’administration décide de résilier le contrat avec son mandataire. Le directeur de l’époque est alors licencié.
Eurothermes ne l’entend pas de cette oreille et contre-attaque en justice, jugeant la décision «unilatérale et abrupte». Le jugement, qui est tombé en janvier dernier au Tribunal civil de la Gruyère, donne raison aux Bains, comme l’indique La Liberté. Selon le quotidien, Eurothermes voit ses prétentions de dommages et intérêts rejetées. La société est même condamnée à verser 63 000 francs aux Bains, ainsi que les honoraires de leur avocat et les frais de justice. Président du conseil d’administration, Gilbert Jacquat se dit soulagé. Depuis 2010, les Bains se gèrent eux-mêmes, sous le contrôle d’un comité de direction. JG

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