Ne pas créer plus de sentiers qu’on ne peut en entretenir

jeu, 09. aoû. 2018

PAR XAVIER SCHALLER

La randonnée fait partie des loisirs préférés des Suisses. En plus du réseau pédestre officiel, le canton propose de nombreuses balades thématiques. Et chaque année, l’Union fribourgeoise du tourisme (UFT) reçoit deux ou trois propositions de nouveaux sentiers à thème. Trop à son goût, car l’entretien des parcours existants laisser parfois à désirer.
«Certains restent impeccables. Mais nous en avons vu trop qui sont à l’abandon deux ou trois ans après leur ouverture», note Pierre-Alain Morard, directeur de l’UFT. Des sentiers qui font un peu «verrues» dans le paysage touristique. Il ne citera pas de lieux, pour ne fâcher personne. Mais des parcours pourraient disparaître du site Fribourg Région si rien n’est entrepris.

Lors de la dernière assemblée des délégués des communes glânoises, Chantal Python, responsable des réseaux de randonnée à l’UFT, a prodigué quelques conseils à ceux qui veulent quand même se lancer. «Le tracé devrait intégrer le réseau officiel des chemins de randonnée, pour assurer des contrôles de sécurité réguliers et l’entretien» (voir ci-dessous). Au minimum, une convention devrait être établie entre la commune et l’association qui crée le parcours.

Le sol doit rester aussi naturel que possible. «La législation fédérale demande un revêtement naturel sur 90% du réseau, explique Chantal Python. Une norme que pratiquement aucun canton n’arrive à respecter.» Elle demande aussi d’éviter les balisages supplémentaires, qui amènent de la confusion pour les promeneurs. «Et trouver une autre idée que de poser une pléthore de panneaux en bois, qui ne vont pas survivre», ajoute Pierre-Alain Morard.

L’entretien des chemins

Les communes ont assez à faire avec l’entretien des chemins de randonnée existants. Chantal Python a sensibilisé les délégués communaux à cette obligation. «Nous aimerions que toutes les communes inscrivent l’entretien des sentiers à leur budget courant et au planning des travaux de l’édilité.»

Sur les 136 communes du canton, une centaine est concernée par le réseau de randonnée. Pour de petites communes, les montants nécessaires peuvent être importants. «Toutes n’ont pas la même sensibilité touristique et toutes ne bénéficient pas des retombées de la randonnée, même si celle-ci se pratique sur leur territoire, constate Pierre-Alain Morard. C’est pour cela qu’il est important d’avoir des baliseurs par secteurs pour les contrôles.»

Certaines communes investissent avant tout pour leurs propres habitants. «Selon les statistiques nationales, 80% des Suisses pratiquent la randonnée, note Chantal Python. La plupart effectuent une vingtaine de sorties par an.»

Sortir un sentier du réseau

Si un accident survient sur un chemin de randonnée en raison d’un défaut d’entretien avéré, la commune pourrait être tenue pour responsable. «Un cas qui ne s’est jamais présenté», note Chantal Python. Et elle précise que la responsabilité communale n’est pas la même pour les chemins de randonnée pédestre, de montagne ou alpine – balisages jaunes, blanc-rouge-blanc et blanc-bleu-blanc.

«Les trois catégories de chemins font partie du réseau. Mais pour une randonnée alpine, il n’y a pas forcément de chemin, un équipement alpin est exigé et l’usager l’emprunte à ses propres risques.» Des panneaux au format A4 informent de ces conditions au départ de chaque itinéraire alpin.

D’autre part, tous les sentiers existants ou répertoriés sur les cartes ne font pas partie du réseau officiel. Les communes ne sont-elles pas tentées de fermer des sentiers ou de les sortir du réseau? «L’entretien est un devoir. Si la commune n’a pas d’autres arguments que le coût, nous n’allons pas entrer en matière. Après, s’il s’agit d’un tronçon peu parcouru, en montagne et qui demande beaucoup d’entretien, il est possible qu’il soit supprimé.»

La discussion est actuellement ouverte pour deux cas. Elle préfère ne pas dire où, car les propriétaires n’ont pas encore été contactés. «Il arrive aussi que les sentiers changent de catégorie parce qu’ils étaient sur ou sous-évalués.» ■


Equipe d’intervention volante

Le canton propose 1800 kilomètres de sentiers balisés. «Une offre importante et appréciée tant par les touristes que par la population», indique Pierre-Alain Morard, directeur de l’Union fribourgeoise du tourisme (UFT). Son organisme coordonne depuis 2006 l’entretien du réseau et en contrôle la sécurité.

Une trentaine de baliseurs, des bénévoles défrayés au kilomètre, sillonnent le canton et signalent les problèmes. Cela peut être la disparition d’une flèche jaune de signalisation: «Certaines personnes les arrachent, s’indigne Chantal Python, responsable des réseaux de randonnée à l’UFT. A chaque fois, cela peut coûter plus de 300 francs à la commune.» Ou même du vandalisme, comme pour la passerelle de Marsens (photos). «Mais cela reste rare.» «Concernant les délais d’intervention, cela est à bien plaire, car l’entretien incombe aux communes», note Pierre-Alain Morard. D’où l’idée d’une équipe d’intervention volante, sur le modèle bernois. «Là-bas, c’est 10 000 kilomètres de chemins qu’ils doivent gérer. La tâche n’a pas été confiée au secteur touristique, mais à Berner Wanderwege, association à laquelle cotisent les communes.» En plus du balisage et du contrôle, Berner Wanderwege s’occupe des travaux urgents. «Deux équipes volantes sont à disposition. Elles secondent aussi les communes pour la planification des travaux lourds et l’établissement des budgets.»

Fribourg pourrait bénéficier du même service, dès 2020 au plus tôt. «On reste sur une base de bénévolat, mais cela demande bien sûr du matériel, un financement, un chef de chantier. Les premiers échos concernant ce projet sont très positifs.»

Ne plus compter sur la PCI

D’autant que les communes ne peuvent plus guère compter sur les services de la protection civile (PCI) dans ce domaine. «Avant 2014, les corps locaux étaient supercontents d’entretenir les sentiers, rappelle Christophe Bifrare, chef de la PCI. Ils n’avaient pas de mission particulière et cela avait une utilité immédiate pour les communes.» Depuis la cantonalisation de la PCI, les règles ont changé. «Les travaux doivent servir un but d’instruction et ne pas faire de concurrence à des entreprises privées.» XS

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